SERGE GÉRARD SELVON
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07.12.2019

IN MEMORIAM FIROZ

IN MEMORIAM FIROZ
         Firoz Ghanty 15.jpgOn a lié connaissance dans les années 69/70 à la galerie Max Boullé à Rose-Hill où son frère Ismet était préposé aux expos. Le comportement gémellaire de ces deux frères intriguait et on ne parlait d´eux que des frères Ghanty…J´habitais alors non loin du Plaza et l´on se rencontrait parfois là, dans la galerie Max Boullé, pour échanger nos appréciations critiques des expos en cours, et débattre sur les grandes idées qui bouleversaient le monde de l´art de ces années 60 et du glissement de paradigme que l ´on traversait et que les historiens de l´art nommeront désormais « art contemporain » : Dada, néo-dada, Pop-Art, les concepts de Joseph Beuys…
          j ´ai peu de souvenirs de l´ensemble des œuvres de Firoz de cette époque, mais les quelques expérimentations qui retenaient jadis mon attention affirmaient une approche conceptuelle qui refusait ostensiblement la démarche esthétique. Le parti pris d´un contenu théorique subversif conformément à l´esprit contemporain le situait ainsi en rupture avec l´art moderne consensuelle de l´ère coloniale. Les prémices de la postcolonialité étaient ainsi amorcées, penserait-on…
        Or notre commune participation à une exposition collective dont il a été commissaire fin 80 à Bruxelles et plus tard sa collaboration au projet de Gunther Uecker à Düsseldorf étaient des manifestations artistiques conventionnelles bon enfant, sans piège subversif, sans revendication post coloniale…bizarre !
        N ́ayant eu qu ´une seule fois l´occasion de voir un ensemble significatif de son travail en 01.08.2012, je n ́ai qu ́une image incomplète  de son parcours. En revanche je me rappelle vivement nos débats d´idées, et certains parti pris conceptuels qu ´il défendait…la pertinence de sa vision géopolitique de notre aire culturelle qu ´il articulera exhaustivement au cours de notre long dialogue quelques jours avant l´expo à Port-Louis m´avait impressionné. L´entretien chez lui à Rose-Hill se déroula sans encombre, à la lettre près conforme à mes attentes. Il était l´interlocuteur idéal. La trame plus ou moins spontanée de mon questionnaire explorait le contexte social et symbolique de la création en évitant toutefois de se focaliser sur l´oeuvre. Le concept de l´ouvrage de référence que  j ´abordais privilégiait la personnalité/présence du plasticien dans son univers de création, l´atelier.
        L ́oeuvre du plasticien était curieusement absente dans son lieu de vie… Du moins j ́en avais l ́impression. Rien dans le décor intérieur n  ́accrochait l ́attention. S ́il y avait des travaux de Firoz dans le living, ils étaient sans doute fondu dans l ́environnement comme ces papillons aux ailes déployées qu ́on ne voit pas sur le tronc des arbres.
        Même impression dans l ́atelier, à quelques pas de la maison où l ́on poursuivra notre dialogue. La création de l  ́artiste ne s ́impose pas au spectateur, malgré l ́érotisme un peu pubertaire de certaines pièces. Les œuvres sur papier de format oblong sont présentées à la chinoise entre deux tringles de bois, permettant l ́enroulement…
        J´ai relu ce matin le texte qui recueille l´essentiel de nos trois heures d´entretien. Ses réflexions sont encore très percutantes, dommage qu ´elles soient encore inédites… Et j´ai revisionné avec une pointe de nostalgie les photos de cette belle exposition dans une maison coloniale de Port-Louis nouvellement restaurée.   
         Adieu l´artiste !

Serge Gerard Selvon - 13:07:05 | Ajouter un commentaire